Journal de bord — Entrée 002

· Auteur : GP-B971-L · Classification : C

//Impact//
Ça secoue comme un taureau qu’on tente d’attacher à une chaise en plastique.
La capsule a raclé l’atmosphère — si on peut appeler ça une atmosphère — avec des sons que même l’enfer refuserait d’utiliser comme bande-son.
Et puis… boum. Sec, brutal, sans classe. Le sol ne m’a pas accueilli. Il m’a absorbé.

Je crois que j’attendais un miracle. Une voix, une transmission, un message de bienvenue.
Rien.
Juste le bip régulier de ma combinaison qui me rappelait que mon oxygène s’évaporait, doucement, sûrement.

Alors je me suis levé. Ou plutôt, je me suis extirpé de la capsule comme un vieux morceau de viande oublié dans un emballage sous vide.
Et j’ai mis le pied dehors.

Note à moi-même : ne jamais oublier la bouteille d’oxygène. Deuxième note : ces bouteilles se vident beaucoup trop vite. Troisième note : les
ingénieurs de Sentinel Corp sont des connards.

L’air a immédiatement tenté de me tuer.
Pas d’oxygène, trop froid, trop sec, trop… hostile.
J’ai vérifié mes instruments, par habitude. Température : mortelle. Pression : rase-motte.
Atmosphère : 100 % déconseillée à l’inhalation.

On m’a balancé ici comme on dépose les poubelles.
Pas de briefing, pas de plan, juste une capsule de survie et un message préenregistré.

J’ai ouvert l’ordinateur du synthétiseur de la capsule.

Les bases sont là : des plans pour fabriquer des capsules d’oxygène et des bouteilles d’eau avec du cobalt et de la glace.
Donc, miner pour pouvoir respirer. Miner pour pouvoir boire.
Miner pour pouvoir miner encore plus.
Vive le capitalisme interplanétaire.

J’ai commencé par me traîner dehors pour ramasser quelques cailloux et morceaux de ferraille.
J’en chie avec cette combinaison beaucoup trop lourde, mais les scanners m’indiquent que j’ai du fer, du titane, du cobalt sous les pieds.
C’est bien.
Mais j’aurais préféré un croissant et un café.

En parlant de nourriture, je me décide enfin à ouvrir l’unique coffre de ma capsule.
À l’intérieur : des rations. Victoire. Et des graines de Lirma.
Des graines ? Sérieusement ?
Ils m’envoient crever ici, et ils veulent que je fasse du jardinage ?
Faudrait déjà qu’il y ait de la terre. Et de l’eau liquide. Et une foutue atmosphère…

Et puis c’est pas avec les trois rations que j’ai que je vais survivre. Faudrait peut-être que je m’inquiète… mais pas tout de suite.
D’abord respirer. Ensuite boire. Puis pleurer.

Pour l’instant, pas de base. Pas de lit.
Juste une combinaison trop encombrante, une planète trop vide, et moi au milieu, en train de jouer au pion dans une partie que je n’ai pas choisie.

Demain, je verrai si je peux construire un abri.
Peut-être.
Si je survis à la nuit.

//Je suis trempé de sueur, à moitié affamé, et le froid m'empêche de dormir.

Fin de l’entrée.