Journal de bord — Entrée 001
Je me demande encore si c’était le bon choix.
Enfin, "choix"… On m’a donné deux options : pourrir dans une cellule ou pourrir sur une planète morte.
J’ai choisi l’option avec un peu plus de ciel. Mais là, enfermé dans cette boîte de conserve qui hurle à chaque vibration, j’ai comme un doute.
La carlingue tremble autour de moi. Des secousses sèches, profondes, comme si l’air lui-même refusait de me laisser passer.
Un grondement sourd résonne à travers les parois. Mon corps est enfoncé dans mon siège, et mes dents vibrent.
Le hublot est opaque, recouvert d’un filtre brûlé ou d’un mensonge mal nettoyé.
Tout ce que je vois, c’est mon reflet : cernes, combinaison trop grande, regard paniqué.
Il paraît qu’on peut survivre avec un but.
Mais quel est le mien ? "Terraformer une planète". D’accord.
Avec quoi ? Un désintégrateur, une capsule de survie en flamme et la bénédiction de Sentinel Corp ?
Je sens la gravité changer brutalement. Ça descend.
Je descends.
Tout mon estomac remonte.
Impact dans quelques minutes. Peut-être secondes.
Je n’ai pas de montre. Je n’ai plus de temps.
Ce journal est censé être mon suivi de mission.
Ma "preuve de réhabilitation", comme ils disent.
Mais pour l’instant, c’est juste moi qui me parle à moi-même, pour ne pas hurler.
Alors voilà :
Je suis le prisonnier GP-B971-L.
Je suis seul.
Je ne sais pas si je vais survivre.
Mais j’arrive.
Fin de l’entrée.